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Foil et vitesse. La voile oublierait-elle la sociologie ?

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La voile peut-elle s’affranchir de la sociologie ? Rien n’est moins sûr à notre avis.

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TF1 Publicité dévoilait en janvier dernier un cahier de tendances élaboré par un bureau de style. Le but était d’analyser les évolutions de la société, pour comprendre et tenter d’anticiper les besoins des « consommateurs ».

[/et_pb_text][et_pb_testimonial author= »Promostyl » admin_label= »Témoignage » _builder_version= »3.2″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat » use_border_color= »off » border_color= »#ffffff » border_style= »solid »]« Reposant sur 6 domaines d’influences ayant un impact fort sur le style de vie des consommateurs (alimentaire, travail, lifestyle, arts, communications et savoirs), ce trend book se base sur une grille de lecture de signaux émergents dont certains seront majeurs demain et à intégrer dans les stratégies de développements produit ou de communication. Cette étude prospective a permis de mettre en exergue 4 grands courants de tendances sur lesquelles surfent marques et consommateurs, 4 paradigmes technologiques, économiques, écologiques et sociologiques qui vont jalonner notre société. » Dixit la chaine télévisée.
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Voici ces tendances :

  • la tendance élitiste (expérience et quiétude par le luxe, capitalisation sur son cœur de métier),
  • la tendance High-tech (le virtuel entre au service de l’humain pour faciliter son quotidien, offres de services sur-mesure et simplifiées),
  • la tendance Green (respect des ressources et des hommes, projets durables et engageants pour le consommateur)
  • enfin, la tendance pop culture (nouvelles technologies, respect de l’écologie et quête d’authenticité, culture du faire soi-même et du savoir-être).

S’il ne faut pas systématiquement prendre tout au pied de la lettre, ce type d’analyse éclaire indéniablement la lecture des grandes évolutions sociétales. On sait par ailleurs qu’il y a un lien avéré entre les profils sociologiques et le sport, raison pour laquelle on peut se saisir de ces résultats.

« C’est P. Bourdieu qui va apporter à la sociologie du sport ses premiers titres de noblesse universitaires en s’intéressant aux études livrées par le groupe de sociologues et philosophes nouvellement constitué au sein de l’Insep autour de G. Vigarello et C. Pociello (Bourdieu, 1978, 1979, 1980). Les cultures sportives forment un vaste champ social traversé par des lignes de tension qui procèdent d’une logique de domination symbolique. Les habitus de classes sont l’une des clés sociologiques permettant d’expliquer les écarts entre « goûts » sportifs. » note Jean Paul Callède dans « La sociologie Française et le sport ».

Les travaux de Christian Pociello et notamment L’espace des sports sont ensuite devenus des références. D’autres sociologues, philosophes ou analystes se sont penchés sur le sujet, l’idée n’est pas d’en faire ici la liste exhaustive. Parmi ceux qui ont influencé la réflexion de Codezero, nous citerons Alain Loret (même s’il ne se définit pas comme un sociologue) auteur de Génération Glisse et Anticiper le sport de demain (professeur des universités et directeur de la Faculté des sciences du sport de l’université de Rouen. Diplômé de l’Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance (INSEP), docteur ès sciences de gestion de l’université Paris-Dauphine, agrégé d’EPS), Alain Erhemberg (Le culte de la performance) ou Isabelle Queval, maîtresse de conférences en Sciences de l’éducation à l’université de Paris Descartes et chercheure au CERLIS (Centre de recherche sur les liens sociaux) dont il faut lire « S’accomplir ou se dépasser » aux éditions Gallimard ou Anne-Sophie Sayeux (Surfeurs, l’être au monde. Une analyse socio-anthropologique).

Mais c’est sans doute avec le travail de Jean Corneloup sur la Sociologie des pratiques récréatives en nature qu’il faut lier la lecture de cette projection 2020 proposée par Promostyl. Impossible de résumer en quelques lignes les 384 pages de l’ouvrage mais que dit Mr Corneloup ? Il analyse finement et profondément les différents univers culturels de la montagne et leur évolution. Il les classe : il parle lui aussi de la culture traditionnelle, de la culture écologique, de la culture moderne et de la culture post-moderne. Il détaille les styles de pratiques les pratiques d’influences californiennes, les néo-sports modernes, les hédo-sports etc… explique les différentes logiques sportives, les profils sociologiques derrière l’évolution qui mène de l’alpinisme d’antan à la grimpe d’aujourd’hui, celle d’Alex Honnold en passant par Edlinger. Il parle des fondements culturels de ces changements.

Dans le « Mapping » illustrant cette note, mais aussi à la lueur des travaux des éminences sportives citées plus haut, on voit bien que chacun se détermine sportivement en fonction de critères qui ne doivent pas grand chose au hasard, mais surtout que le spectre des motivations et des attentes et très large. C’est à travers ce filtre qu’il faut lire à nouveau ce qui se passe dans la voile aujourd’hui à moins d’un mois d’une nouvelle édition de l’America Cup qui s’annonce passionnante et plus technologique que jamais, et peu de temps après le Vendée Globe. Aujourd’hui, que ce soit en kitesurf, en windsurf ou en bateau, le foil est devenu le dénominateur commun sur l’eau, le mot clé que font résonner tous les médias et les réseaux sociaux, la solution que brandit aujourd’hui le microcosme vélique qui voit bien qu’il faut se réinventer. Le foil est bien l’innovation de rupture dont avait besoin la voile pour renvoyer d’elle-même une image plus conforme à un 21 ème siècle plus technologique que jamais, pour changer de paradigme, pour séduire les nouvelles générations qui s’en détournaient.

Certes, mais que constate t-on ? Que le foil correspond à ceux qui se situent en haut et à droite du graphique, la tendance « Hi-tech » soucieuse socialement de  distinction et d’accélération et sportivement de grosses sensations, d’engagement et que cette évolution à laquelle il est difficile d’échapper sur le plan médiatique ne conviendra pas forcément aux attentes du plus grand nombre, notamment parce que la voile véhiculait auparavant des valeurs opposées. La voile se métamorphose et se modernise mais ce phénomène touche avant tout l’élite. Il vient même de l’élite et correspond à ses besoins. Quid du navigateur lambda sommé d’aimer ça.

La voile peut-elle s’affranchir de la sociologie ? Rien n’est moins sûr à notre avis. A partir du moment où les réseaux sociaux montrent même des optimistes sur foil, il sera difficile de revenir en arrière. Notre propos n’est pas de juger, simplement de questionner sur l’impact de ce qui se passe, question sur laquelle peu de gens se risquent. L’histoire de la planche à voile, nous l’avons déjà dit est pleine d’innovations de rupture auxquelles tout le monde adhérait…

On notera en passant que Corentin de Chatelperron, Guirec et sa poule Monique font un peu contrepoids en bas à gauche. Ils peuvent paraître sympathiques voire anecdotiques mais ils représentent eux aussi une nouvelle forme de modernité dans leur volonté de Low tech responsable, équitable et utile et leur désir de ralentir. Des tendances qui se développent dans la société occidentale actuelle à la recherche d’authenticité.
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Le foil va se développer, tant mieux, il séduit déjà les nouvelles générations, renouvelle profondément le sport sur l’eau, mais marque t-il le début de la fracture entre la voile « qui se pratique » et la voile « qui se regarde » (le spectacle sportif) pour paraphraser ce que dit Alain Loret sur le sport moderne ? C’est tout à fait envisageable…

Cependant, penser que l’arrivée du foil, son développement et le changement complètement fou qu’il engendre sera sans effet sur la voile « normale » qui par ailleurs souffre de désaffection tient au mieux du déni. Matière à réflexion.

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