Rechercher

« Very bad trip en kitesurf ». Marketing de contenu ne veut pas dire langue de bois

Le récit que vous allez lire a été publié dans les NEWS du site de e-commerce flysurf.com implanté près de Salon De Provence et leader de la distribution de matériel de kitesurf en France. Flysurf.com existe depuis 1998 et a toujours cru dans le contenu, et ce bien avant que le « content marketing » soit un concept en vogue.

Code Zero est responsable de ce contenu depuis 6 ans maintenant et a carte blanche depuis le début, un privilège très rare. Les NEWS sont un outil pour la communauté et n’ont jamais été directement exploitées sur le plan commercial, ou de façon ponctuelle et limitée. L’idée directrice était d’avant tout générer un contenu de qualité qui soit susceptible de faire revenir les internautes chaque jour et non pas de leur faire une piqure marketing supplémentaire.

Ainsi, nous avons abordé régulièrement le sujet de la sécurité en kitesurf. Ce qui aurait paraître risqué pour un magasin (aborder le risque d’un sport sur lequel est assis son business model), s’est révélé très bien perçu. flysurf.com est un « acteur » de la communauté et prend ses lecteurs au sérieux pour que l’inverse soit également vrai. L’image de marque, donc la qualité de la relation entre un shop est ses clients, commence par un respect mutuel. Le ton et le style du texte pourront paraître par moment non académique. Ils sont tout simplement en phase avec le lectorat  flysurf.com, dont l’image de marque est double. Le site a construit sa réputation sur son professionalisme tout en générant naturellement une image un peu déjantée propre à l’esprit de l’équipe et quelques opérations de marketing terrain bien « déjantées ». La ligne éditoriale  est plus proche de celle d’un magazine alternatif que du Monde Diplomatique bien que de très nombreux CSP + et autres professionnels le lisent chaque jour. De par son audience, flysurf.com est de loin le plus gros média du kitesurf en France. 

11081286_10153144987023088_2737924992172304535_n

L’histoire qui suit est totalement véridique, elle s’est déroulée début juin à Port Saint Louis du Rhône. Nous avons choisi de publier cette «  aventure  » non pas parce qu’on se la pète Paris Match, mais parce qu’il y a beaucoup de leçons à en tirer.

On peut avoir son avis sur l’ imprudence qui a conduit à cette situation, c’est certain, mais le but est bien de sensibiliser. Sous la pression de l’envie de naviguer, on peut tous faire un erreur. Cherchez bien dans vos souvenirs. Sortir dans le vent fort, tenter une session en offshore, implique d’être sûr de soi. Le moindre problème peut engendrer des conséquences. Mais on déplace tous ou presque les limites de ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire en pensant inconsciemment ou pas que les «  problèmes  » n’ arrivent qu’aux autres. Celui qui nous livre ce récit est un rider expérimenté, pas un fou furieux. Il a malgré tout mal appréhendé la situation. Il était capable de sortir, largement, ce n’était pas le cas de sa compagne. Ils ont failli payer le prix fort. Deuxième point important, Big Up à la SNSM. L’équipe était satisfaite parce que c’était une mission réussie. Dans de nombreux cas, ils ne ramènent personne, c’est ce qu’ils ont dit. En d’autres mots, des gens meurent. Ce sont des volontaires, des bénévoles, des gens comme vous et moi et qui au lieu de se poser devant leur TV avec un bonne bière ou de s’occuper de leur famille, sautent sur un bateau par tous les temps et vont sauver des vies. Juste parce qu’il faut le faire. Respect.

*Nous ne donnons pas non plus l’identité des deux aventuriers simplement parce que c’est mieux pour leur tranquillité, parce qu’après une pareille péripétie, ils avaient ensuite envie de passer à autre chose. Voici le récit

«  C’était une belle journée, plutôt ventée et c’était une session de remise en jambe pour ma copine qui n’avait pas re-navigué depuis la saison dernière. Nous étions à Port Saint-Louis, plage Napoléon, le vent était N/O, bien rafaleux, assez fort, dans les 25/35 nœuds. Je pars à l’eau avec une Slingshot Rally en 6 m et la board de surf strapless. Elle ride en Fuse 5 m et avec un TT. Notre but était d’aller jusqu’à la Gracieuse, de traverser la langue de sable pour ensuite naviguer on shore sur un plan d’eau flat, en sécurité, comme on le fait souvent. Une fois à l’eau, et dès le premier bord, on encaisse de grosses rafales, ma copine ne touche plus l’eau. Elle a perd sa planche, elle est surtoilée, elle est rapidement obligée de larguer l’aile. Je vais vers elle, la rassure, la récupère. J’essaye de la tracter mais le vent monte, je comprends vite que c’est peine perdue. On se prend des claques énormes, du coup, décision est prise de larguer complètement son aile qu’elle avait encore au bout de la ligne de sécu, car on dérive trop et trop vite. Il faut se débrouiller pour rentrer, on est déjà à 300/400 m, seuls au large. Il y avait d’autres kiteboarders sur le spot mais ils ne sont pas mis à l’eau, j’espère seulement qu’ils nous ont vu.

On dérive comme ça, elle accrochée à mon dos, moi avec mon aile au zénith et mon flotteur sous le bras en guise de volume de flottaison de sécurité. J’ai compris qu’on ne peut retourner vers la plage par 40 nœuds offshore et qu’on est parti pour une baignade qui va durer. Malheureusement, ma copine porte une combinaison pas vraiment récente, ce n’est pas une température d’été, elle a des entrées d’eau, elle ne porte pas de chaussons, bref, elle commence à avoir froid. De mon coté, j’ai une 5.5 toute neuve des chaussons, tout va bien, c’est déjà ça. Pour elle les choses se dégradent assez vite, sa position n’est pas reposante, elle commence à fatiguer et à se refroidir. On a repéré une bouée au large, en fait un pylône météo, on essaye de se diriger dessus, espérant qu’on pourra s’y accrocher voir monter dessus. J’imagine que je pourrais la laisser là et retourner à la plage chercher des secours, je sais que j’en suis capable.

Hélas, quand on arrive dessus, la base est lisse, impossible de monter, impossible de s’accrocher, c’est une grosse désillusion , un gros coup au moral. On dérive depuis au moins deux heures. Ma copine commence à ne plus se rendre rendre compte de la situation, elle pense qu’on se rapproche de la côte, elle me dit qu’elle a confiance en moi, elle demande quand on arrive. Je la rassure, mais je sais qu’on est désormais très loin de la cote, par vent offshore, et pas bien barré du tout. Je maintiens mon aile au zénith, c’est tout ce que je peux faire. Une bonne heure se passe, j’y crois, mais je doute aussi. Je sais que la nuit arrivera mais qu’il nous reste du temps, rien n’est perdu. Pas mal de chose se passe dans ma tête malgré tout. Dans ces cas là, tu commences à parler tout seul à haute voix, tu penses à tes potes, à ta famille, tu te dis que tu ne reverras plus jamais personne…

Ma copine commence à me dire qu’elle n’a plus de force, qu’elle ne peut plus se cramponner. Je commence à comprendre que je peux la perdre. J’ai accroché son leash à mon harnais mais je sais que je ne peux pas faire de miracle, je peux juste essayer de tenir le coup. En même temps, je me dis que ça ne pouvait pas finir comme ça, que c’est trop con, c’est impossible, quelqu’un a du nous voir, les secours vont forcément arriver.  Mon aile est jaune fluo, je la tiens au zénith depuis trois heures. C’est interminable.

A un moment donné, je tourne la tête et je vois un bateau de la SNSM. Je parle, je lui dit que c’est fini, qu’on est sauvé mais elle n’est plus capable de se rendre compte. Ils jettent une bouée, l’a hissent à bord, elle ne tient plus debout. Pendant qu’ils s’occupent d’elle, je remonte sur mon surf et tire deux ou trois bords à proximité du bateau, je ne sais même pas pourquoi. Quand je raconterai ça plus tard à mes potes, ils me disent que c’est dingue. Très rapidement, l’équipe de la SNSM est obligée d’appeler l’hélico, elle doit être transportée en urgence à Marseille, sa température corporelle est tombée à 33 degrés. Je grimpe à mon tour sur le bateau. L’hélico arrive assez vite, l’hélitreuillage a lieu là, juste sous mes yeux, en pleine mer, par 40 nœuds. Les mecs sont super efficaces, c’est impressionnant. Pris en charge, sous oxygène à la Timone, elle commencera à récupérer le soir même.

Le bateau de la SNSM repart direction Port Saint Louis mais l’aventure n’est pas terminée, ce jour restera vraiment dans ma mémoire. Dans le gros temps, on commence par avoir du bruit et de la fumée dans le bateau, on se tape une grosse avarie moteur. L’équipe de la SNSM ne se démonte pas, et décide de continuer à vitesse très réduite sur le deuxième moteur. Aussi dingue que ça puisse paraitre, au bout d’un quart d’heure, le deuxième moteur a aussi un malaise. On est à la pointe de la Gracieuse en carafe totale, au beau milieu du courant de Ligure qui longe les cotes et qui emporte au large. On a fini par être assez rapidement pris en charge par un remorqueur venu de Carro en très peu de temps. C’était juste épique.

On arrive au port à 22h et quelqu’un me ramène à ma voiture. Le commandant de bord, Pascal Loas et son équipe, des volontaires, étaient juste parfaits. Ils ont sauvé nos vies. »

Quelques conseil avisés  :
Ne pas rider off     ;-P
Avoir du matériel en bon état aile, barre, lignes..
Une combi chaude et étanche (ne pas hésiter à mettre le prix pour une combi chaude)
Garder son aile au zénith pour être vu très rapidement, ça sauve la vie
Garder sa planche comme support
Connaitre ses prières par cœur….
Rester calme et positif
Avoir une fusée de détresse et un système restube par exemple

Sur le même thème

Partagez cette analyse

Twitter
LinkedIn
Facebook
Email

Sur le même thème

Partagez cette analyse

Codezero 2023 ©

Retour en haut