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Un bateau comme un rêve de gosse

Navig'Aix 2007

Ce post est issu d’un reportage (texte et photos) que j’avais réalisé pour la presse spécialisée il y a quelques années. Je suis retombé dessus en cherchant tout autre chose dans mes archives. Après le post sur Loïck Peyron relatif à l’âge du capitaine, ce sujet tombe à pic dans le sens où il montre que la capacité à rêver, donc à être enthousiaste, imaginatif et pro-actif, ne décline pas forcément avec les années. D’autre part, j’en profite pour rappeler que si code 0 est un think tank consacré aux nouvelles tendances du sport, j’ai personnellement passé les dix dernières années à travailler dans le domaine de la voile et du bateaux à moteur (voir le book du blog), raison pour laquelle ce sont aussi des sujets sur lesquels nous travaillons. 

Ce sont des quadras pour ne pas dire des quinquas. On compte même quelques vrais papys, mais il ne faut pas s’y tromper, les années n’ont pas eu raison de leur rêve et les cœurs ont vingt ans. A les voir tourner autour des pontons, caresser les vernis, discuter des moteurs, s’enflammer sur les lignes des coques, on oublie les tempes grisonnantes, pour davantage observer ce qui s’apparente à une troupe de gamins un 25 décembre au matin. Regarde un peu mon nouveau jouet, fais moi voir le tien. Eric est de ceux-là. Il a le sourire franc et les yeux qui brillent. C’est un passionné, un vrai. Il sait que naviguer sur ce genre de canot n’est pas anodin, qu’il est question de culture, de sensations, de beauté et de style. Il a possédé trois Abatte, et conserve toujours une merveille, un Corsier-Port de 1948. Comme sa fièvre n’est retombée pour autant, il a continué à chercher. Il voulait s’offrir un bateau vraiment décalé, et a fini par trouver son bonheur l’année dernière sur le net. Un Chris Craft de 1940, probablement une base d’Utility 16 pieds qui fût repontée par la suite pour donner Miss Belford, une sorte de gentlemen speedster vraiment bluffant. Un cargo l’a livré en janvier dernier dans le port de Marseille. La bête, aujourd’hui « domiciliée » à Aix-Les-Bains, est propulsée par un Chrysler KLC de 120 cv dont le bruit s’échappe librement par des sorties latérales. Le son est un bonheur. Au concours d’élégance, avec son fils, casques en cuir et lunettes d’aviateur, Eric a fait sensation. Certes, pour la manoeuvrabilité, ce n’était pas ça…

C’est comme ça depuis 1996. Ils arrivent d’un peu partout en France et en Europe pour se retrouver sur les rives du Lac du Bourget pour célébrer leur penchant pour l’acajou verni, le chrome et le moteur de caractère. Certains ont passé des années à trouver le bateau de leur rêve, des centaines d’heures à le restaurer, d’autres en ont hérité de leur père, mais tous brûlent de la même passion. Le nautisme de la belle époque, le charme et l’élégance du canot à moteur, qui représente la grande majorité des participants, même si Navig’Aix accueille également de très beaux voiliers, et d’extraordinaires embarcations à vapeur, car l’ancien et le bois sont les dénominateurs communs. Si comme à son habitude, cette onzième édition voyait s’aligner sur les pontons un très respectable alignement de Riva, la marque mythique par excellence, canots tous aussi superbes les uns que les autres, elle n’en était pas moins dédiée au nautisme américain des années 30. Une période faste de ce côté-là de l’Atlantique. Chris Columbus Smith construit son premier bateau à 13 ans. Plus tard il fonda Chris Craft. Ses fils le rejoindront en 1922. Hacker Craft fut fondé en 1914 à Détroit par John Hacker, qui dès 1911 dessina une carène à step qui atteint les 50 miles par heure. Garwood fit son apparition en 1920, et Century en 1926 à Milwaukee. Il y aura aussi Dodge. C’est l’époque héroïque. Ces hommes ont suivi leur instinct et créé des objets magnifiques dont les formes et le cahier des charges n’étaient pas encore rabotés par le marketing et la fonctionnalité. 80 ans plus tard, leurs créations font encore rêver. Ils étaient à la fois architectes, charpentiers et mécaniciens. Aujourd’hui on s’aperçoit qu’ils avaient des âmes de bijoutiers.

Le reportage photo complet est visible en cliquant ici

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