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Ce qui manque à la voile ? L’instant présent, l’hédonisme court terme, l’air frais, le goût du décalage.

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La voile est un loisir, un sport, une passion,  le but d’une vie pour certains, un métier pour les plus impliqués. La voile, c’est de l’évasion et du sublime. Mais de la promesse à la réalité, où en est-on aujourd’hui ?

La crise de 2008 est passée, le nautisme, la « plaisance » en tant qu’économie pourrait-on dire se porte mieux même si, comme dans d’autres secteurs, le ski pour ne pas le nommer, il n’est pas interdit de se poser quelques questions à moyen et long terme.

En ski, l’excellent enneigement de cet hiver ne pourra pas masquer la menace du réchauffement climatique, la proportion toujours plus petite de ceux qui peuvent se permettre des vacances à la neige, l’usure du concept du ski « industriel et mécanisé », tandis que coté voile, la pyramide des âges, l’accès, la proposition qui, au regard des freins à la pratique, ne fait plus rêver autant qu’avant. Les attentes ont changé. L’offre aussi…

Le foil est la rupture technologique dont la voile avait besoin, c’est une certitude. Tout comme il est écrit que cette façon de naviguer ne comble pas toutes les aspirations loin s’en faut. Vous êtes casqué, vous portez un gilet, vous êtes secoué, ça va vite, c’est technique, ça coûte un bras et c’est risqué. Ceux qui veulent « accélérer » – c’est une tendance de société – sont ravis, les jeunes se disent que la voile bouge enfin, mais ceux qui veulent « ralentir », et ils sont nombreux, vont se poser des questions. Passons sur le foil qui pourrait tout à fait rester marginal.

Globalement, l’imaginaire de la voile est toujours fort, mais la réalité sur le terrain n’est plus conforme aux aspirations. Nous avions évoqué ces pistes dans le sujet Mythes et réalité. Résumons :

  • Le mythe de la croisière ne suffit plus même si le grand départ alimente toujours le marché du catamaran de voyage. Les chantiers sont surbookés, mais les volumes en réalité sont petits.
  • Le bateau habitable a toujours ses adeptes à condition de ne pas en être le propriétaire. Trop de contraintes, un coût direct et indirect élevé.
  • Le mythe olympique ne suffit plus à attirer les jeunes séduits par une offre sportive de plus en plus conséquente et souvent plus moderne ailleurs.
  • La course au large fait le plein d’émotion, les courses se multiplient, mais l’image qu’elles donnent de la voile s’éloigne toujours un peu plus des envies de l’homme (ou la femme) de la rue. Qui plus est, c’est un monde d’hommes habillés comme des alpinistes, un monde de vitesse, de carbone, de records, d’obsession, de technologie, saturé de messages publicitaires, assez aride finalement. Pas de place pour l’errance. Moitessier faisait rêver car il était avant tout un flâneur doté d’un regard de poète.
  • Rapide aparté sur les médias, compétents techniquement sans aucun doute. On discute régates, essais, technique, grands voyages, matériel, équipement, patrimoine. Les poètes justement, les curieux, les esthètes et les femmes sont priés de lire autre chose. Maquette, choix photo, éditorial, rien ne ressemble plus à un magazine de 2018 qu’un magazine de l’an 2000 pour ne pas dire d’avant. Pas de mise en page sophistiquée, un choix photo assez utilitaire, beaucoup de publicité. Les marins ne parlent qu’à eux-mêmes, c’est le règne de l’entre soi, l’effet de caste. Beaucoup de titres ont disparu, les diffusions des survivants ont chuté.
  • Reste les « catalogues », la communication de marque. Peu de choses ont changé également. Une vue d’un bateau, trois quarts arrière. Souvent un 40 pieds, voir plus. Un couple de quadras, elle est peut-être un peu plus jeune que lui, ils sont parfaitement habillés, en beige si possible, quelquefois en bleu marine. Des enfants jouent à l’arrière. La lumière est en léger contre-jour, il fait toujours beau dans ce monde qui n’existe pas. Il s’est vendu 141 voiliers entre 12 et 15 mètres en France en 2016 (chiffres F.I.N). On avouera que c’est peu, mais l’occasion se porte très bien nous dit-on pour se rassurer. Nous avions fait récemment un parallèle entre le marché de la voile et de la moto, il y a plus que des similarités. Le L.A Times (le journal de Los Angeles) disait récemment, en caricaturant à peine que l’industrie  « cherchait à vendre des motos de plus en plus grosses à des hommes de plus en plus vieux. » Pour bateau, le qualificatif est « grand ». Pas d’offre pour les jeunes.

En coulisse, certaines marques et institutions entament une réflexion. Du bout des lèvres. L’inertie est immense. Sur les désirs, les freins à la pratique, cette vision qu’il faut faire évoluer, on commence à reparler de cette voile légère, qui ne serait pas compétitive, sur laquelle on ne ferait pas peser le poids d’une tradition et d’une culture (bretonne…) devenue problématique et datée.

Que manque-t-il à la voile d’aujourd’hui ? Un accès simple, rapide, moins de technique, plus de plaisir. La culture du freeride, l’instant présent, l’hédonisme court terme, assumé, l’instantanée, le vent sans le bruit de fond, l’excès mais pas forcément de vitesse, la convivialité, la lenteur aussi, le mouillage, le rosé, le poisson qu’on pêche, l’art de vivre, le digital, le SUP, le yoga, le BBQ, les gosses, le rire, le lifestyle, le partage, le style, la mode. Un brin de folie est-ce trop demander ? Il faut en finir avec la marinière, le ciré et les bottes. Ou vraiment tout réinventer.

Revenons à l’univers. Oublions la veste de quart coupée à la hache avec une bâche jaune fluo à vous mettre sur la tête en cas de mauvais temps. Il y a du style en moto, en surf, en montagne, des marques emblématiques que même ceux qui ne pratiquent pas ont envie de porter. L’équivalent n’existe quasiment pas en voile. Comme si le style, la sophistication, c’était mal, inutile. Il n’y a pas eu par exemple d’évolution de la mode femme comme cela s’est passé dans le ski il y a des années. Difficile pour une femme par exemple de trouver un pantalon de navigation bien coupé… c’est révélateur.

Tout est parti de cette photo. Un couple, un catamaran tout simple, du soleil, de la liberté, un peu de délire. Un gars en costume en haut d’un mât. Répétons : Un gars en costume en haut d’un mât. Une personnalité un peu décalée. Ça ne vous rappelle rien ?

Ça fait du bien….

 

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