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La glisse est-elle soluble dans l’outdoor ?

Cette analyse initialement publiée le 2 novembre 2017 reste d'actualité. On peut toutefois ajouter que le secteur de l'outdoor va devoir s'interroger. Nous l'avons dit par ailleurs, la nature n'est plus un "terrain de jeux".

Stand up paddle, montagne, lac de montagne, kitesurf, boussole, exploration, nuit, campement, bivouac, hiver, surf, foil, rivière, rapides, voilà des mots qui ne se conjuguaient pas ensemble et qui deviennent des réalités tangibles. Signaux faibles mais de plus en plus récurrents. Codezero vous a souvent décrypté l’évolution culturelle du sport, mais d’autres grandes transformations des comportements sont déjà à l’oeuvre.

Outdoor. Le terme, générique, voudrait tout dire mais du coup, reste vague.

Qu’est-ce qui est outdoor, qu’est-ce qui ne l’est pas ?

Le mot « «outdoor » sonne bien mais ne parle pas forcément à tout le monde. Il faudrait peut-être en revenir à cette vieille publicité automobile pour cerner ce qui est important dans l’outdoor : « Le luxe c’est l’espace ».

L’important en outdoor, c’est la nature, son contact, ce qu’il engendre, l’expérience, la liberté, l’absence de limite, de règle, d’arbitre et même de rôle à jouer, la conquête, mais sans la domination, ni l’appropriation, l’inutile devenu essentiel.

Dès lors, la question existentielle pour le sportif n’est plus ce qui lui est permis de faire mais ce qui lui est possible de vivre. C’est le déclin de la discipline au profit de l’autonomie. L’outdoor, c’est ça finalement : vous, le monde autour et votre liberté.

Codezero

Instinctivement, l’outdoor en appelle à la montagne mais finalement son périmètre va beaucoup plus loin. Dans l’absolu, on ne « fait » pas de l’outdoor. Personne ne prononce jamais cette phrase. Tout comme on ne « fait » pas du « plein air », terme tout droit sorti des bureaux de l’administration française toujours prompt à ré-étiqueter des choses qu’elles ne comprends pas toujours.

L’outdoor peut-il avaler la glisse ? La question peut vous paraître incongrue mais les signaux faibles se multiplient, elle mérite d’être posée. Il y a une vraie convergence d’état d’esprit. C’est une évolution qui vient du terrain. Le résultat aussi d’une normalisation. L’outdoor évolue, la glisse se métamorphose. A certains endroits, la frontière devient plus floue. Dans les deux cas, c’est bien de liberté dont on parle.

Revenons brièvement à la glisse pour mieux comprendre. La glisse d’aujourd’hui n’est plus celle des années 80. Le mot apparaît à la fin des années 70. Yves Bessas et Maritxu Darrigrand (qui sera bien plus tard à l’origine de Roxy) créent l’association Uhaïna et lancent les fameuses « Nuits de la Glisse ». Le terme – glisse – génial car dont on comprend instinctivement la nature, va devenir le générique d’une mouvance durable et profonde d’autant que l’arrivée de la planche à voile, quasi synchrone, va permettre au grand public de comprendre de quoi il retourne. La liberté, la sensation, une forme de sport plus libre. La glisse va se décliner en mer, en montagne mais aussi sur le béton avec le skate, elle correspond à un changement culturel profond, à une façon totalement nouvelle d’envisager et de pratiquer le sport, qui au départ ne sera pas vraiment compris, qui ne l’est toujours que très partiellement.

40 ans plus tard, que reste t-il de la « glisse » ? Une trace durable, un nouvelle façon de prendre la mer sans aucun doute, un mouvement bien implanté, mais qui lui aussi devra s’interroger sur son avenir. Les millenials pour ne parler que d’eux – même s’il est peu naïf de les considérer comme un groupe homogène – n’ont pas les mêmes attentes, leurs motivations sont différentes de celles de la génération Naish que nous avons évoqué ici. D’autres ruptures s’annoncent déjà, les vagues artificielles en seront une majeure, d’une certaine manière le kitesurf en est une aussi. Le kite est sans aucun doute le premier sport de glisse sans culture propre, davantage pratiqué par goût et par «opportunité » que par adhésion à une image transcendante comme auparavant le surf.  Enfin, on ne pratique pas le stand up paddle par identification, on ne choisit pas ce  simple « objet » qui donne accès à la mer, à un étang, à une rivière,  pour jouer un rôle. Le SUP est le premier sport de glisse « lent » comme nous l’avions évoqué, premier sport de glisse pragmatique également, premier sport de glisse à répondre beaucoup mieux aux attentes féminines.

Stand up paddle, montagne, lac de montagne, exploration, bivouac, hiver, surf, rivière, voilà des mots qui ne se conjuguaient pas et qui deviennent des réalités tangibles. Signaux faibles mais de plus en plus récurrents. Codezero vous a souvent parlé des évolutions des quarante dernières années mais d’autres grandes transformations des comportements sont déjà à l’oeuvre.

Un dernier indice ? Certaines marques l’ont déjà perçu…

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