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La haute montagne en VTT. Dans le National Geographic

Avant toute chose, et pour mieux comprendre, il faut remettre certains événements en perspective. En 1953, Edmund Hillary et Tensing Norgay réussissent l’ascension de l’Everest. L’exploit est inimaginable. On considérera encore dans les années 60 que grimper l’Everest est à la limite des possibilités humaines, en raison de la combinaison de l’effort exceptionnel à fournir et de la rareté de l’oxygène. Sans parler des risques qu’on évalue encore mal à l’époque mais qui sont plus que réels.

En avril 2014, le monde titre pourtant « L’Everest est devenu une boîte à fric ». Didier Cour, alpiniste cité par le quotidien, raconte « Aujourd’hui, au printemps, en moyenne, il y a 35 expéditions en même temps à l’Everest. On voit des lignes ininterrompues de gens à la queue-leu-leu. » Pour la saison avril-mai – l’autre saison aura lieu se déroule en septembre-octobre –, le gouvernement a accordé un permis d’ascension à 734 personnes, dont 400 guides, pour 32 expéditions prévues. Il y a un vrai (et très complexe) problème à l’Everest, il ne date pas d’hier (la catastrophe de 1996) on peut aussi se poser des question sur ce qui se passe au Mont Blanc mais ces deux exemples sont cités pour bien montrer  une évolution que personne n’aurait envisagé. Ce qui était inhumain est devenu accessible (et surtout commercial mais c’est un autre débat).

Nous avons vu le trailer de Huayhuash dès qu’il est sorti mais nous avons hésité à en parler tant cette histoire – très belle – nous paraissait trop exclusive. Code Zero aborde pourtant régulièrement le thème du VTT en montagne. Nous avions donc chroniqué le film Ride Los Andes, qui nous semblait plus « accessible », en titrant : le VTT renouvelle l’esprit routard. Plus tôt dans l’année,nous avions également été marqué par le film Get High qui là aussi montrait une tendance naissante, l’ascension d’un petit sommet en montant un vélo, pour vraiment « vivre » la descente autrement. Enfin dans le post L’outdoor, le VTT, la glisse. Les tendances du voyage de demain, nous explorions l’évolution des raisons qui nous poussent à voyager.

Si nous revenons avec grand plaisir Huaywash aujourd’hui, c’est bien parce que le National Geographic – qui n’a rien d’un magazine qui s’emballerait trop vite sur un phénomène de mode –  publie plusieurs pages sur ce voyage, et relaie également l’histoire sur son site internet. Le seul fait que le NG s’y intéresse suffit à cautionner l’intérêt et surtout, nous insistons sur l’authenticité de la démarche. Elle n’est pas déplacée, elle n’est pas incongrue, la montagne n’appartient pas qu’à ceux qui marchent à pied semblent nous dire le NG en publiant.

Que peut-on en conclure ? Il est fort possible que nous soyons à un tournant des pratiques « outdoor ». Les générations précédentes étaient sans doute davantage dans la contemplation, le développement inouï du sport (et du matériel à notre disposition) ces 30 dernières années, nous a permis d’envisager le voyage autrement, notamment au travers d’une pratique définie. Les motivations profondes ayant également considérablement évoluées.

Huayhuash reste une histoire exceptionnelle, hors normes mais le VTT prendra une place de plus en plus grande en montagne dans les années à venir. Ce qui est exceptionnel aujourd’hui ne le sera plus dans dix ans. Pour tout un faisceau de raisons :

  • le changement climatique,
  • l’évolution conjointe de la pratique et du matériel, des mentalités,
  • l’envie d’autres formes de communion avec la montagne notamment,
  • et enfin l’offre commerciale.

Les stations de sports d’hiver et des acteurs locaux proposeront ce genre d’aventure, toute proportion gardée bien entendu, c’est déjà le cas d’ailleurs même si pour l’instant, c’est à un degré moindre.

Re-diffusion Code Zero. Initialement publié le 18 octobre 2014

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